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7 septembre 2009 1 07 /09 /septembre /2009 16:13

La théorie freudienne de la souffrance sociale.

C'est Emmanuel Renault qui la dégage du texte freudien . La présente note débarrassée des références aux œuvres de Freud est directement issue de son livre "Souffrances sociales" (Ed La Découverte p271 et suiv.).


Lire à propos de l'ouvrage: Emmanuel Renault, Souffrances sociales. Philosophie, psychologie et politique, 2008

http://mouvement-social.univ-paris1.fr/document.php?id=1156


Freud récuse expressément l'opposition entre psychologie individuelle et psychologie sociale Il a tenté de penser dit E Renault le psychisme humain dans ses interactions avec différents types de phénomènes sociaux .Si le concept de souffrance sociale n'est pas construit systématiquement chez Freud il est néanmoins d'en reconstruire une théorie issue de ses analyses. Une telle théorie combine alors trois modèles explicatifs. " Un premier renvoie à la pression exercée par la civilisation sur le psychisme individuel, un deuxième à un défaut d'identification à la vie sociale, un troisième à l'effet de circonstances sociales particulières. L'approche de Freud repose sur la distinction entre différentes sources de souffrance et sur une distinction entre "souffrance normale" et une souffrance que l'on peut dire anormale, la seconde consistant en une transmutation de la première. La souffrance est, en effet, une grandeur dynamique et, à chacune des étapes de sa transformation, c'est à une imbrication de facteurs sociaux et psychiques que nous avons à faire.

La souffrance normale a trois sources qui sont selon Freud la surpuissance de la nature, la caducité de notre corps et la déficience des principes qui règlent les rapports des hommes entre eux dans la famille; l'Etat et la société. Il tient à la condition humaine de ne pouvoir totalement maîtriser la nature, d'être vulnérable par l'intermédiaire de son corps (d'autres textes soulignent que notre vulnérabilité dépend de notre dépendance à l'égard d'autrui) et de ne disposer d'aucun critère naturel permettant de déterminer comment nos relations avec autrui doivent être régulées (d'ou les maux provenant des conflits et des crises sociales). Il en résulte que la souffrance est l'une des coordonnées essentielles de l'expérience humaine et que notre existence consiste en grande partie en une tentative de réduction de la souffrance. S'il convient de parler de souffrance normale, c'est donc parce que ses sources ne peuvent jamais être taries et que, toujours, les individus doivent mettre en place des "défenses" contre elles. Certaines de ces défenses ont la capacité de transformer la souffrance "normale" en souffrance "anormale".


Selon l'approche psychodynamique de Freud, la souffrance est toujours le lieu d'une interaction entre les effets de ces sources de souffrance, Freud propose donc une typologie des défenses contre la souffrance. Il mentionne à ce propos le contrôle de la vie pulsionnelles, la sublimation, le travail et les illusions (l'art), le renoncement, la transformation du monde et l'amour. Ces défenses définissent les différentes techniques de vie par lesquelles les individus peuvent entretenir un rapport non pathologique avec eux mêmes en se rendant supportables les les difficultés qui proviennent des sources de souffrance. Mais la mobilisation de ces défenses peut échouer et exiger la mise en oeuvre de défenses conduisant l'individu hors du domaine de la santé mentale, sous la forme de la névrose ou de la psychose.

Dans la mesure ou seule la psychose relève à proprement parler de la maladie et qu'en outre la souffrance psychotique apparaît comme l'un des destins possibles de la souffrance névrotique, il est permis de distinguer une souffrance normale, une souffrance pathogène (névrotique) et une souffrance pathologique (psychotique). Cette distinction au sein de la souffrance anormale est décisive dans la mesure où elle permet de déconnecter le modèle médical de la pathologie sociale d'une référence étroite à la maladie et ainsi de dépasser l'une des limitations de l'approche de la médecine sociale.

Chez Freud, c'est bien du point de vue de la névrose, et non de celui de la psychose, que se développe la critique sociale: "L'homme devient un névrosé parce qu'il ne peut supporter le degré de refusement que lui impose la société au service de ses idéaux culturels, et on en conclut que la suppression ou la forte diminution de ces exigences signifiait un retour à des possibilités de bonheur." ( ) Relevons que cette production sociales des névroses n'est pas ici conçu suivant le modèle des névroses collectives. Freud n'affirme pas en effet que la civilisation plonge l'ensemble ou la plupart de ses membres dans la névrose, ni même que ces productions culturelles propres portent la trace de la névrose, mais qu'elle impose un type de pressions normatives que la civilisation fait porter sur les individus.

La position de Freud pourrait donc être présentée par l'intermédiaire de deux thèses suivantes. Premièrement, il existe des névroses réactionnelles. En un sens toutes les névroses sont sont des formes de réaction aux exigences sociales particulières auxquels les individus ont à faire face, mais elles ne sont pas pour autant des névroses collectives. Deuxièmement, les névroses réactionnelles ne doivent pas simplement être interprétées comme des réactions à des intéractions sociales déterminées mais aussi comme des réactions à des situations totales comme celle que désigne la notion de civilisation (ou celle de capitalisme). Si le diagnostic peut remonter jusqu'à l'identification d'une pathologie sociale, c'est parce que c'est la civilisation elle-même qui est en cause.

.../...
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7 septembre 2009 1 07 /09 /septembre /2009 00:46

Pourquoi certains " trio " ne se transforment-ils pas en couple ?

 

Rebond de Malaurie sur " TRIO : l’amant(e) en plus : la morale compréhensive des modernes " de Christian DELARUE

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article533

 

Ce texte ne manque pas d’intérêts mais suscite des remarques. Certes la situation de trio ne mérite plus les foudres comme jadis mais il ne suffit pas de dire – je cite : "C’est que la situation relationnelle de la vie moderne a fait naître l’expérience du polyamour et de la réversibilité des conditions : un jour vous avez " trompé ", un jour vous avez été "trompé". Un jour vous avez été à l’initiative de la rupture, un autre jour c’est vous qui avez subi la rupture. Un jour vous étiez avec une femme un autre jour avec un homme. Cette expérience polyamoureuse moderne génère un relativisme moral c’est à dire une compréhension plus tolérante que le dogmatisme rigoriste traditionnel".

 

Deux points méritent attention : le trio (2) et surtout l’après rupture (3). Avant d’évoquer le trio durable il faut signaler brièvement d’autres situations (1).

 

1 - La tromperie " coup de canif " et le " butinage érotique " ne sont pas le trio durable.

 

Ces autres situations sont la tromperie occasionnelle dite " tromperie coup de canif " qui dans les pays modernes tolérants n’emporte plus de conséquences juridiques excessives comme jadis : stigmatisation morale et divorce aux torts de celle  ou celui  qui s’est égaré (e).

Il existe aussi désormais ce que l’on peut nommer le " butinage sexuel " qui se caractérise par une relation officielle stable et de multiples relations parallèles. Il ne s’agit donc pas d’un trio proprement dit . Cette situation est aujourd’hui plus généralisée qu’auparavant si l’on en croit l’article de Guilia Foïs intitulé " Les femmes trompent-elles comme les hommes ? " ( Psychologies.com) . Les femmes font désormais comme les hommes à deux différences près :

  • un besoin supérieur de confiance : c’est elles qui se donnent : "D’où l’importance de l’affectif dans leur sexualité "
  • une particularité secondaire : "quand on demande à celles-ci le nombre de partenaires qu’elles ont connu, elles ne parlent que de ceux qui ont compté"

Avec le trio provisoire ou durable c’est d’une autre situation qu’il faut expliquer.

 

2 - Pourquoi il y a trio et même trio durable et non trio de transition ?


Eu égard à la vie moderne telle  que relaté en introduction on peut encore comprendre un " trio provisoire " mais moins un trio durable.

 

Le trio provisoire vient du fait que l’amour authentique n’est pas éternel par nature. Nous vivons plus longtemps. Le mauvais " entretien " du couple dans la durée peut surgir. Bref, la vie affective ordinaire génère donc ce que l’on appelle du désamour. Et un désamour laisse souvent place à un autre amour soit plus tard soit lors de l’amour finissant. C’est là qu’il existe un chevauchement en général bref de l’ordre de quelques jours, semaines ou mois. Autrement dit la situation de trio est ordinairement plus ou moins brève.

> Il arrive pourtant que cela dure plusieurs années. Il faut sans doute pour le " trio installé " des conditions exceptionnelles. On peut dire même que tous les membre du trio sont, sinon complètement consentants, du moins tous et chacun responsable. Celui ou celle qui dispose d’un amant évidemment mais aussi " l’officiel " trompé qui souvent s’accommode finalement de la situation dès lors que cette situation reste secrète. Il arrive même qu’il en trouve avantage !

La responsabilité de l’amant(e) existe aussi . Il (ou elle) peut vouloir abréger la durée du trio soit en se montrant offensif en brisant le secret auprès de l’officiel pour une issue incertaine : sa rupture (malchance) ou sa mise en couple (chance) soit en posant une période de test avant un départ unilatéral . Si l’amant ne procède pas ainsi, c’est que la situation lui convient pour une raison ou une autre. En tout cas il est lui aussi responsable du trio prolongé.

Qu’en est-il maintenant de l’officiel ? Il est bien rare qu’il ne voit pas que son couple est dépourvu de vie amoureuse authentique. Bien souvent il n’y a même plus que des apparences réduites de vie commune. Il subsiste en quelque sorte la routine et l’attachement sans affection.

Si l’on accepte l’idée que dans une relation chacun est responsable d’une partie de la relation alors celui qui ne l’entretient plus tout en restant fidèle est aussi responsable de l’affaiblissement de la conjugalité. Les couples qui ne se touchent plus pendant des mois prennent automatiquement des risques de fuite extérieure.

 

3 - Ce n’est plus la tromperie ou la rupture qui fait souci c’est " l’après ".


Certes tromperie (contre l’officiel) et rupture (contre l’amant(e)) font souffrir les membres du trio, notamment le trompé et l’amant finalement éconduit . Il n’est pas question de dénier cela. Si l’on laisse de côté cet aspect psychologique pour considérer le volet moral il importe de souligner que la tolérance généralisée encore dénommée éthique du relativisme moral n’enlève pas pour autant les jugements de valeur et la hiérarchie des valeurs. Le monde tolérant se veut compréhensif et non répressif à l’égard de comportements de moindre valeur . Moralement, il est préférable de tenir ses engagements et d’être fidèle mais jusqu’à un certain point seulement. Ce qui signifie que ce n’est plus une règle absolue. Et nul n’est chargé de sonder les cœurs et de peser la chaîne des responsabilités.


De cette relativisation morale on peut dire que c’est " l’après " qui importe, donc les façons de rompre. En effet, toutes les façons de rompre ne se valent pas. Il existe bien une "axiologie de la rupture" (1) Même si la rupture s’est mal faite il reste encore la possibilité de se saluer correctement, de se parler, d’échanger, de se respecter.

 

MALAURIE

 

1) " Axiologie de la rupture " de JJ LAKRIVAL….

http://lakrival.over-blog.org/article-33906606.html

 

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29 août 2009 6 29 /08 /août /2009 12:28
LA LOGIQUE MORTIFERE DU MEPRIS


Le mépris n'est pas de la violence ouverte . Pas toujours . Il peut être mondain, mine souriante ou attristée pour les tiers. Il use de masques.

- LA HAINE COMME DYNAMIQUE PUISSANTE !


*Une psychanalyste et un philosophe pour en chercher les enchainements *: La psychanalyse met l'accent sur les ambivalences, sur les dynamiques internes conflictuelles contradictoires. Ainsi M KLEIN (1) développera le mélange d'amour et de haine chez le jeune enfant frustré. Pour SPINOZA le mépris est une forme de haine qui consiste à nier autrui. Mais ce philosophe n'appelle pas pour autant à se culpabiliser comme la "morale chrétienne" l'y incite pour vaincre la haine car tout son effort (dans Ethique) vise à montrer des dynamiques à l'oeuvre, qui ne sont pas qu'individuelles, mais aussi relationnelles. Il faut alors les connaitre, les repérer.

*Mais c**'est un écrivain Alberto MORAVIA qui va décrire avec minutie *la montée du mépris entre Riccardo et Emilia (dans "Le Mépris"). Riccardo doit subir l'indifférence des silences et la froideur des regards vides de sa femme Emilia. Le mépris peut d'abord se manifester clairement par un discours du dégoût prononcé accompagné d'insultes et d'injures avant de passer ensuite par le regard noir, franchement haineux . Arrive alors le troisième stade celui ou la haine à la source du mépris sera encore plus forte : la personne entendra la plainte de la personne dédaignée mais n'y répondra pas.

- LE STADE DE LA VIOLENCE DESTRUCTRICE


L'évitement est montré, exhibé. L'autre doit voir nettement qu'on l'évite. Un évitement discret ne nuirait pas à l'autre . Il serait inefficace pour faire mal . C'est qu'au-delà de la phobie d'autrui, le mépris veut la destruction symbolique de l'autre. Pour ce faire, la personne haineuse ne jettera même pas un regard noir, elle ignorera l'autre totalement. Dans la vie quotidienne, la haine la plus puissante consiste à croiser l'autre sans le saluer. Cette ignorance totale créé des dégâts psychologiques graves, surtout si cette personne avait il y a peu une grande importance dans votre vie. Cette violence n'est pas visible par les proches.

Le comble de la destruction est atteint quand la question se pose : /si je suis méprisé, n'est-ce pas parce que je suis méprisable ? /Dans un premier temps le méprisé va travailler à sa réhabilitation car il n'y croit pas mais il se rend compte que rien n'y fait. C'est que la logique de la haine est incompatible avec celle de la compréhension, de la communication, du compromis, et plus encore avec celle du pardon. La haine prends la place de l'amour qui est parti ailleurs.

- LE MEPRIS : UNE PESTE EMOTIONNELLE !


La haine est contagieuse . Le mépris se partage . Au lieu de créer des ponts comme l'amour il va créer des fossés . Il va embrigader des amis plus prompts à sortir le glaive qu'à favoriser les compréhensions. Pour que le mépris perdure il ne faut pas rompre le délire paranoïaque il faut au contraire le renforcer et construire ainsi une logique de camp. On est pour l'un et contre l'autre !

Pour inverser le cycle du mépris le discours de l'amour (ou de l'amitié) est de peu d'efficacité . Ce qui ne signifie pas sans priver . Il reste le geste, à bien sentir, à bien mesurer . A renforcer ensuite.

JJ L sur chrismondial blogg avril 2008
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16 août 2009 7 16 /08 /août /2009 15:07
Faiza M. : Nouvelle affaire de voile.

*samedi 12 juillet 2008 (15h08)

*
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article68980

Le voile couvrant de type burka est-il le symbole de l’islam radical ? Le Conseil d’Etat répond positivement et dans la foulée rejette une demande de nationalité française présentée par une (femme) voilée quasi intégralement. Voici les premiers élément de l’affaire selon Le Monde.

JJ Lakrival

*- - - - - - -

*La Burqa, symbole*

LE MONDE | 11.07.08
http://www.lemonde.fr/societe/artic... <http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/07/11/la-burqa-symbole_1072502_3224.html>

Peut-on devenir française quand on porte la burqa, ce vêtement qui, à l’exception des yeux, masque entièrement les femmes dans les pays (ou les familles) musulmans les plus rigoristes ? Non, vient de répondre sans détour le Conseil d’Etat dans un arrêt qui, sans aucun doute, fera date.

L’affaire sur laquelle la haute juridiction a tranché tient en quelques mots : une Marocaine mariée à un Français et mère de trois enfants nés en France s’est vu refuser, en 2005, la nationalité française, au motif qu’elle porte la burqa et que cela constituerait un /"défaut d’assimilation"/. Saisi en appel, le jugement du Conseil d’Etat tient, également, en quelques mots, manifestement pesés au trébuchet : cette femme /"a adopté, au nom d’une pratique radicale de sa religion, un comportement en société incompatible avec les valeurs essentielles de la communauté française et notamment le principe d’égalité des sexes".

Les faits

Entretien "Les juges s’appuient sur la soumission de cette femme"

Voilà donc relancée la controverse sur la place des religions, et de l’islam en particulier, en France. Le débat sur le port du "voile" à l’école avait déjà soulevé la question il y a quelques années : la France doit-elle, avec tolérance et sagesse, accepter l’expression publique de l’identité religieuse et de la différence culturelle ? Ou doit-elle, au contraire, marquer nettement les limites au-delà desquelles le principe de laïcité, fondement de la République, serait bafoué. En adoptant la loi de 2004 interdisant le port de tout signe religieux ostensible dans les établissements scolaires, le Parlement avait clairement choisi la seconde réponse.

Dans son arrêt du 27 juin, le Conseil d’Etat adopte une position similaire. Nul doute qu’il va se voir reprocher, à nouveau, de stigmatiser une religion, l’islam. Et de ne pas mesurer le fossé qui le sépare de la réalité complexe de la société française. Le Conseil, il est vrai, s’en tient à une appréciation de principe : à ses yeux, la burqa est tout sauf un signe religieux banal, qui relèverait d’un simple choix privé ou de la liberté de conscience ; à ses yeux, c’est au contraire un symbole majeur pour les musulmans les plus militants et minoritaires, qui revendiquent une pratique extrême de leur religion. Un symbole de ségrégation entre les hommes et les femmes. Un symbole inacceptable du statut d’infériorité de la femme dans cette conception de l’islam. Comment lui donner tort ?


*De : JJ Lakrival
samedi 12 juillet 2008*
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15 août 2009 6 15 /08 /août /2009 20:52
Contre les sept piliers du système énergétique capitaliste

D’après Daniel TANURO (1), le mode de production énergétique capitaliste (MPEC) ou système énergétique capitaliste (SEC) présente les caractéristiques suivantes :

1. l’appropriation quasi-totale des sources, des convertisseurs ainsi que des vecteurs, et leur transformation en marchandises (y compris la marchandisation de la force de travail mise à disposition de l’employeur par le convertisseur humain) ;

2. l’utilisation prépondérante des combustibles fossiles générateurs de rente ;

3. la centralisation/concentration de la propriété des sources ainsi que des convertisseurs ;

4. la mondialisation de l’approvisionnement ;

5. la formation de réseaux de distribution de plus en plus interconnectés ;

6. la constitution autour des sources fossiles, principalement du pétrole, d’un puissant complexe énergético-industriel regroupant l’automobile, l’aéronautique, la construction navale ainsi que la pétrochimie ; l’intégration croissante de l’agrobusiness à ce complexe ;

7. la tendance, inhérente à la logique d’accumulation du capital, à augmenter sans cesse l’offre et la demande, ce qui se traduit dans le domaine énergétique notamment par le recours à la technologie nucléaire.


Enclencher des "ruptures franches" dans ces sept piliers du système énergétique capitaliste ouvrirait la voie à un autre monde que l’on peut qualifier avec Mickael LOWY d’éco-socialisme.

Ces ruptures passent par l’appropriation publique mais aussi la démarchandisation et l’intervention citoyenne dans les grands choix de production touchant à l’énergie. Avec l’alterdémocratie et l’écosocialisme cela se réalisera via l’intervention dans la planification des choix de production ou non production, l’alterdéveloppement combinant décroissance dans certains secteurs et croissance dans d’autres.


Jean-Jacques LAKRIVAL


1) Un cheval de Troie dans l’écologie de Marx - Daniel TANURO [Amitié entre les peuples]

http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article306

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27 juillet 2009 1 27 /07 /juillet /2009 10:13

Refondation néo-solidariste verte, un centrisme utopique ?

Entre ultra-libéralisme sarkozyste et alternative à gauche du PS.


Face à la crise du capitalisme financier qui frappe les peuples et le gros du salariat il y la droite qui veut nettement enrichir les riches et la faire payer au reste de la population soit environ 85 % mais ces dominés ce sont surtout les proches de la retraite, les jeunes, les femmes et les minorités visibles qui vont le plus subir la précarité et les bas salaires. Il y a en face ceux qui à la gauche du PS tente de résister et d’offrir une alternative forte pour ces 85 %, une alternative qui réponde aussi à la crise écologique. Entre ces deux blocs, le PS en déroute travaille à construire un néo-solidarisme vert susceptible d’attirer une fraction des écologistes et une partie du Modem . Avec un mélange de Keynes, de Durkheim et de Léon Bourgeois plus le secteur de l’économie sociale et solidaire ce centre veut construire la refondation du capitalisme. Pour être clair, il ne s’agit nullement d’aller vers le socialisme mais de bouger les lignes vers un "alter-capitalisme vert".


Entre ceux qui comme Vals veulent recentrer le centre et ceux comme Filoche qui veulent unir ce centre à la vraie gauche il y a un arc en ciel de positions qui ne doit pas masquer qu’ils veulent surtout assurer l’alternance politique et non enclencher l’alternative. Ils veulent rebondir en confortant un pôle théorico-pratique de remplacement du capitalisme néolibéral financier par un autre capitalisme solidaire et écologique. Ici on mobilise les économistes keynésiens chargés de concocter les mesures pour réguler la finance "parasitaire" afin de rétablir un bon fonctionnement du capitalisme productif et les fiscalistes verts chargés de mesurer le dosage adéquate des bonnes taxes "carbone".


Est-ce que cela séduit les français compris dans les fameux 85 % qui subissent la crise économique ? Rien dans la presse le laisse supposer. Le pari ne tient guère la route. Il n’y plus de grain à moudre. Le capitalisme vert ne peut qu’être dur pour le salariat. Le succès des Vert semble être consolidé dans les couches sociales les moins sévèrement attaquées. Mais la crise n’a pas dit son dernier mot. L’option néo-solidariste n’a pas la partie gagnée. Mais ils peuvent faire obstacle à une solution réelle de part leur capacité de frein. Ils sont dans les instituions. Ils sont rompu à l’alternance. A dire vrai on ne peut compter que sur la base, celle la plus à gauche qui n’est pas (encore) parti au PG de Mélanchon.


On aimerait que les syndicats de travailleurs ne viennent pas renforcer ce pôle de refondation d’un nouveau capitalisme par une passivité tactique ; une passivité qui ferait le jeu de ce centre néo-solidariste mais aussi du bloc ultra-libéral de Sarkozy.


Léo Jog

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24 juillet 2009 5 24 /07 /juillet /2009 12:03

QUEL EROTISME DEFENDRE ?


Oui il faut continuer de vouloir s'admirer, s'embrasser, se caresser et tout le reste comme on peut et comme on veut et ce contre "tous les coincés" de droite ou de gauche. Cela ne signifie pas absence de responsabilité ou mépris de l'autre. Il faut être clair sur ces points : L'érotisme ne va pas sans empathie, sans gentillesse et sensibilité même s'il donne volontier dans la transgression (sur la base du consentement).

En fait il faut ici défendre le chaud contre le froid. En clair défendre l'érotisme plus coincé que jamais entre l'ordre moral (religieux ou laïc) et la pornographie ou la prostitution, entre l'injonction de la pureté et d'abstinence et celle de l'accouplement sans affect et sans parole. L'ordre moral se souffre pas l'érotisme, la pornographie non plus. La prostitution encore moins. Malgré leur opposition l'un et l'autre font jeu commun et se complètent pour séparer les êtres et les corps, pour empêcher le partage des plaisirs.

La pornographie est beaucoup plus connue que jadis car en quelques années elle s'est diffusée dans les foyers via le net. Il est très aisé d'y avoir accès. Le marché du sexe livre tous les types de corps, de toutes formes, de tous âges, de tout types de sexualité (hétéro ou homo) et avec tous les types de phantasmes . Chacun peut y reconnaitre les siens... et en découvrir d'autres.

Problème : cela n'a rien à voir avec l'érotisme, avec la chaleur affective d'une étreinte réelle. Le sexe marchandisé produit comme tous les pudibonds de l'ordre moral de l'isolement, de la séparation d'avec l'autre. L'un et l'autre refusent le contact réel. Ils militent pour la distance entre les corps et les êtres, notamment pour les jeunes.

Contre l'ordre moral religieux ou pseudo-scientifique (psychologues préconisant l'abstinence) il faut réhabiliter la pleine rencontre de l'autre. Car le contact commence par un regard, une parole, un échange avant de consentir à s'embrasser, se toucher, se donner du plaisir.

 

 

Léo Jog

 

 

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22 juillet 2009 3 22 /07 /juillet /2009 22:12
MISERE DU SOLIDARISME ET DU NEOSOLIDARISME

mercredi 25 juin 2008 (00h08) sur Bellaciao
mercredi 27 août 2008 sur http://amitie-entre-les-peuples.org

Face à la "casse de l’Etat social" (M Husson) on pourrait penser que l’alternative socialiste est à réhabiliter en même temps qu’un syndicalisme de luttes convergentes. On pourrait penser que le peuple et notamment le salariat a besoin d’une perspective émancipatrice forte pour sortir de l’alternance, pour sortir de l’ultra-libéralisme sarkoziste ou du social-libéralisme du PS. Or on assiste à un retour des demi-mesures qui cachent en fait un accompagnement social et écologique du capitalisme mortifère. C’est le solidarisme qui est réhabilité.

Tout n’y est certes pas mauvais mais d’une part le compte n’y est pas et d’autre part le capital dominant ne s’accommode plus des résidus de solidarité institutionnalisée. Le solidarisme ou le néo-solidarisme cède du terrain face aux logiques d’appropriation privée, de marchandisation et de financiarisation.

A côté de ce retour de non perspective, la gauche ne devrait plus rêver. L’utopie serait dangereuse. Les militants de la gauche à gauche (des trois B : Buffet Bové, Besancenot) se sont attachés dès lors à l’étude de propositions concrètes de transformation sociale que l’on n’annonce surtout pas comme ouvrant vers une autre société. Les très nombreuses propositions des collectifs anti-libéraux n’ont pas eu cette vertu dynamisante. Elles n’ont pas fait rêver.
Lier idéal mobilisateur et propositions concrètes c’est pourtant possible ! Lions les propositions de "ruptures franches" (ATTAC) avec le système capitaliste avec la perspective plus lointaine et la mobilisation naîtra.

Examinons le solidarisme et le néo-solidarisme vu par ceux qui le défendent avant de la critiquer.




I - Ce qui ne suffit plus : deux contributions en défense du solidarisme.


A ) Le solidarisme est-il dépassé ?  Aloys RIGAUT, 1998

http://aloys.rigaut.free.fr/solidarisme.htm

- Fondements du solidarisme classique :
" Tout être humain bénéficie des avantages acquis par les efforts des générations précédentes. Il contracte du même coup des obligations, une dette, envers la société (...) [Mais] certains reçoivent de la société plus qu’ils ne lui apportent, ils ont un compte débiteur au Grand Livre de la société ; d’autres ne reçoivent qu’une faible part des avantages que leur vaudrait un contrat équitable. D’où la nécessité d’une intervention correctrice de l’Etat.* (...) Ainsi se trouvent justifiées les réformes radicales : impôt progressif, lois protectrices des travailleurs, retraites pour les vieux, assurance contre les risques sociaux, gratuité de L’enseignement à tous les degrés."

- Fondement du néo-solidarisme moderne
:
1. Un soutien à la "tertiarisation" qui passe par une revalorisation des emplois dans les services
2. Une Réduction et un Réamènagement du Temps de Travail (les 35h sans réduction de salaires c’est absurde)
3. La promotion concomitante d’une société de loisirs et l’abolition de la valeur travail :
4. Le passage de la notion d’emploi à celle d’activité (le travail est alors conçu comme source d’accomplissement, de lien social et de subsistance)

B) Éléments critiques pour l’émergence d’une nouvelle solidarité


http://www.gauchealternative.org/spip.php ?article643

Ici l’auteur (anonyme) forge un néologisme "l’antisme"
qui signifie être "anti", être contre le libéralisme ou contre le capitalisme afin de proposer de se positionner en positif . Mais il ne s’en tient pas là. Il ajoute et c’est l’intérêt de son texte : "Cet état d’esprit est notamment manifeste dans le substantif « alternative ».

Si vous vous reportez à un dictionnaire, en l’occurrence le Robert, vous constaterez que ce terme n’exprime pas le dépassement d’une opposition, mais en réalité un enfermement dans une alternance, idée provenant de la racine latine alter. On reste donc bloqué sur le même plan d’idée, mais dans l’opposition". Quant aux termes de « collectif » ou de « gauche », ils sont tellement utilisés par tout le monde, qu’ils ne signifient plus grand-chose. À proscrire, donc. Quand même l’alternative globale et de gauche est effacée il ne reste effectivement que le concret ici et maintenant comme solution ; " il nous faut sortir de cette posture protestataire, pour amener du neuf et du concret".

Néanmoins après analyse - à laquelle je renvoie - l’auteur affirme qu’il nous faut passer d’une solidarité négociée économiquement à un solidarisme fondé ontologiquement, et inscrit en tant que tel dans nos institutions, avec les nouveaux fonctionnements institutionnels qui doivent en découler.

II - Le néosolidarisme à l’agonie


Le solidarisme ou le néosolidarisme ne vie qu’aux marges des rapports sociaux capitalistes. Il n’a pas d’avenir, si ce n’est au PS ou chez les Verts qui lui ajoute l’Economie sociale et solidaire (ESS).

 

La République solidariste et radicale a été fondée en 1896 par Léon Bourgeois, mais le spectre solidariste plus large doit beaucoup à d’autres grandes figures intellectuelles comme E. Durkheim pour la sociologie, à L.Duguit pour le droit et J.M. Keynes pour l’économie. Ces auteurs chacun dans leur sphère de compétence ont pris conscience des dégâts du capitalisme industriel mais jamais ils n’ont voulu aller vers le socialisme. C’est dans le cadre du capitalisme qu’il voulurent instaurer la République sociale.

 

Le solidarisme de l’impôt sur le revenu et des services publics du début de XX ème siècle s’est renforcé en prenant une dynamique quasi socialiste en 1947 avec l’institution de la Sécurité sociale et des nationalisations. Aujourd’hui l’Etat social d’après guerre se délite sous les assauts du néolibéralisme mais un néo-solidarisme se maintient en s’appuyant sur l’économie sociale et solidaire (ESS) et un Etat stratège décentralisé.

 

La République sociale est parvenue, en métropole et tout au long du XX ème siècle jusque vers 1974-78, à un degré de compromis maximal entre le capital et le travail. Depuis il n’y a plus de "grain à moudre". Avec la mondialisation financière la désaffiliation du salariat protégé et la baisse des salaires sont la règle, le prix à payer pour les surprofits financiers des grands actionnaires.

 

C’est le chemin vers le socialisme qu’il faut désormais montrer. Il faut réhabiliter l’appropriation publique et sociale ainsi que des services publics dégagés de la logique marchande qui tend à recouvrir l’ensemble de la société tout comme le capitalisme . Avec B Friot il faut retrouver les fondamentaux de la Sécurité sociale et défendre le salaire direct et socialisé.


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JJ Lakrival
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21 juillet 2009 2 21 /07 /juillet /2009 23:37
Frustrations relatives et ressentiments


Extrait d'un texte de Philippe CORCUFF "Individualité et contradictions du néocapitalisme" sur ATTAC France

http://www.france.attac.org/spip.php?article8994

L’angle classique d’analyse dit des frustrations relatives, de James C. Davies [24] à Raymond Boudon [25] et Pierre Bourdieu [26], nous sera utile pour appréhender certains effets sociaux de la contradiction de l’individualité. On trouve d’ailleurs chez Marx une des origines intellectuelles de ce type d’approche. Il indique ainsi dans la brochure Travail salarié et capital (1849) : “Nos besoins et nos jouissances ont leur source dans la société ; la mesure s’en trouve donc dans la société, et non dans les objets de leur satisfaction. Étant d’origine sociale, nos besoins sont relatifs par nature” [27]. Plus spécifiquement, la notion de frustration relative vise un état de tension propre à une satisfaction attendu mais refusé ; d’où une insatisfaction constituant un potentiel de mécontentement et d’action collective. La frustration apparaît relative aux attentes tels qu’elles sont constituées dans un cadre socio-historique donné.

Dans La misère du monde, Bourdieu s’intéresse à un type de frustrations relatives que tendrait à accentuer la logique néolibérale : ce qu’il appelle la “misère de position, relative au point de vue de celui qui l’éprouve”, dans l’expérience d’un “abaissement relatif”, et qu’il distingue de “la grande misère de condition” [28]. La société néolibéralisée verrait alors “un développement sans précédent de toutes les formes de petite misère” (ibid.), dont le livre offre un panorama qualitatif à travers une série d’entretiens.

La frustration relative peut déboucher sur le ressentiment. C’est Nietzsche qui nous permet le mieux d’approcher ce type de sentiment socialement constitué. Les commentaires de Gilles Deleuze tracent même les traits d’un idéal-type du ressentiment utilisable par les sociologues : “L’homme du ressentiment est par lui-même un être douloureux : la sclérose ou le durcissement de sa conscience, la rapidité avec laquelle toute excitation se fige et se glace en lui, le poids des traces qui l’envahissent sont autant de souffrances cruelles. (…) Le plus frappant dans l’homme du ressentiment n’est pas sa méchanceté, mais (…) sa capacité dépréciative. (…) Nous devinons ce que veut la créature du ressentiment : elle veut que les autres soient méchants, elle a besoin que les autres soient méchants pour pouvoir se sentir bonne. Tu es méchant, donc je suis bon…” [29]. Dans un cadre sociologique, un tel idéal-type n’a pas à être utilisé comme un supposé “invariant de la nature humaine”, mais comme un outil de comparaison au sein de contextes socio-historiques précis.

Cette logique du ressentiment serait particulièrement activée dans nos sociétés individualisées, si l’on en croit Kaufmann, dans la dynamique des tensions générées par le nouvel espace des inégalités symboliques. Kaufmann écrit ainsi : “dans un univers ravagé par la compétition interindividuelle et le déficit structurel de reconnaissance, celle-ci n’est souvent obtenue que par le dénigrement d’autrui (…) Je existe parce qu’un autre est mauvais” (op. cit., p.292). Politiquement, cela peut contribuer à nourrir les formes les plus régressives comme l’extrême-droite. J’ai ainsi proposé un cadre socio-politique d’analyse constructiviste du conflit des clivages sociaux en France depuis le début des années 1980, mettant aux prises un “clivage de la justice sociale” (bâti autour des inégalités de ressources), fragilisé, et un “clivage national-racial” (axé sur la dichotomie français/étrangers au sens des apparences “ethniques”) montant [30]. Une part des aliments de la machine de conversion politique constituée par le Front national serait composée d’une diversité de ressentiments plus ou moins ethnicisés. Mais la part frustrations/ressentiments n’éclairerait qu’une face de la question de la reconnaissance. Reconnaissance et travail de l’imaginaire

La problématique de la reconnaissance, qui peut servir de point d’appui à une critique individualiste du capitalisme, ne se caractérise pas que par les insatisfactions de la non-reconnaissance. Elle suppose l’existence “d’attentes de reconnaissance profondément enracinées”, selon les mots d’Axel Honneth [31]. En sociologue, nous considérerons, encore une fois, que ces attentes ne sont pas des “données invariantes de la nature humaine”, mais des construits socio-historiques. Ces attentes, ou encore ces aspirations, ont à voir avec la notion d’imaginaire ; dans le sens où un état idéal de reconnaissance peut être travaillé dans les imaginaires de nos contemporains, en servant d’étalon aux insatisfactions présentes.

La notion d’imaginaire a été particulièrement explorée, au carrefour de la philosophie, des sciences sociales et de la psychanalyse, par Cornélius Castoriadis [32]. Á un premier niveau des significations les plus courantes du mot, nous dit Castoriadis, l’imaginaire renvoie à “quelque chose d’"inventé" – qu’il s’agisse d’une invention "absolue" ("une histoire imaginée de toutes pièces"), ou d’un glissement, d’un déplacement de sens, où des symboles déjà disponibles sont investis d’autres significations que leurs significations "normales" ou "canoniques" ("qu’est-ce que tu vas imaginer là" dit la femme à l’homme qui récrimine sur un sourire échangé par elle avec un tiers)” (p.190). L’imaginaire serait alors doté, pour Castoriadis, d’un pouvoir créateur, et non pas seulement d’une fonction reproductrice. Je laisserai de côté la prise de position proprement ontologique de Castoriadis – l’imaginaire conçu comme une des strates les plus profondes des psychismes individuels - pour ne garder seulement, dans une logique sociologique, que l’idée d’une créativité manifestant une certaine autonomie symbolique, mais sans pour autant qu’elle soit à l’abri d’effets de domination.

Comme Annie Collovald et Erik Neveu, dans un récent travail sur la réception des romans policiers, je verrai “dans l’imaginaire une expérience commune comme une autre qui participe à la formation de soi” [33]. Quelques courts éléments d’une étude de réception en France de la série télévisée américaine Ally McBeal, en cours de traitement, donneront des aperçus de cette notion d’imaginaire [34]. Hélène (entretien du 13-05-2003), 43 ans, est célibataire sans enfants ; elle est cadre dans la publicité. Elle considère que l’imaginaire est important dans la vie : “pour moi c’est primordial c’est ça occupe au moins 70% de ma vie”. L’imaginaire a alors pour elle une coloration surtout affective et puise dans l’enfance : “l’imaginaire c’est c’est tout ce dont on vit depuis qu’on est enfant, tout tout ce qui a trait à l’affectif, tout tout ce qu’on a pu emmagasiner au cinéma, dans les livres, dans les contes, dans la religion aussi”. La figure du “Prince charmant” occupe le centre de cette imaginaire : “on est quand même éduqué avec "un jour mon Prince viendra", Cendrillon. C’est c’est c’est c’est c’est très beau, mais c’est très fort dans dans l’imaginaire”. Dominique (entretien du 31-05-2003), 39 ans, a eu beaucoup de difficultés dans sa vie : situation sociale difficile dans l’enfance au sein d’une famille nombreuse proche de la pauvreté. Femme de ménage, célibataire, elle a quatre enfants de pères différents. Elle a accroché au personnage d’Ally McBeal à cause du “côté un peu heu utopique de l’amour”. Et malgré les divers déceptions dont sa vie est jalonnée, elle garde un rapport positif à la notion d’“idéal” : “L’idéal je pense que ça aide à avancer, dans un sens, enfin d’avoir un but ; c’est plutôt, enfin je pense que ça sert d’avoir un but, de pas baisser les bras. Et tant qu’on a cet idéal là, on avance”.

Les traces de ce travail de l’imaginaire chez nos contemporains, on les trouve dans d’autres travaux sociologiques. Par exemple, dans l’étude précédemment citée d’Annie Collovald et d’Erik Neveu, le cas de certains lecteurs mélancoliques de polars est particulièrement intéressant. Il s’agit de lecteurs jadis engagés politiquement, mais depuis désengagés. Or Collovald et Neveu notent que “Malgré leur désengagement, ces lecteurs sauvegardent une part d’eux-mêmes et de leurs idéaux de jeunesse” ; le travail de l’imaginaire permis par la lecture des polars apparaissant comme “un moyen aussi de réduire la distance entre leurs utopies passées et leur vie actuelle” (op. cit., p.290). Autre exemple : les “fans” des Beatles étudiés par Christian Le Bart [35]. On entend ainsi de la part de ces “fans” des phrases comme “Ils ont ensoleillé la société de consommation”, “Ils représentent le meilleur dans une monde de plus en plus pourri” ou “Le monde serait beaucoup moins supportable sans les Beatles” (p.159). On peut appréhender ces imaginaires dans un rapport ambivalent aux normes néocapitalistes de l’individualité, c’est-à-dire à la logique de production de l’individualité sous la domination de normes sociales non choisies par l’individu.

Le récent travail du philosophe Mathieu Potte-Bonneville sur Michel Foucault [36] nous fournit ici des pistes utiles. Il esquisse des connexions stimulantes entre le Foucault critique de normes sociales oppressives (d’Histoire de la folie à l’âge classique de 1961 à Surveiller et punir de 1975) et le Foucault philosophe de “la subjectivation” et d’une éthique du soi (notamment dans Le Souci de soi, 1984), en donnant à la subjectivité foucaldienne un “caractère à la fois libre et lié” vis-à-vis des normes sociales contraignantes (p.228). Foucault lui-même parle dans Le souci de soi d’“une réponse originale sous la forme d’une nouvelle stylistique de l’existence” [37] face aux normes sociales. Or, la “réponse à” n’est pas la seule “détermination par” ou “domination par”, sans pour autant abolir la contrainte sociale. On peut ainsi concevoir le travail de l’imaginaire comme “une réponse aux” normes de l’individualisme marchand ; réponse qui tend à déborder le cadre d’une définition strictement commerciale de l’individualité. Cet imaginaire est certes fabriqué avec des ressources sociales (par exemple, le thème du “Prince charmant” est bien une figure sociale genrée), mais ouvre un espace d’autonomie symbolique dont le vocabulaire des “déterminations sociales” rend mal compte.

On fera alors l’hypothèse que les imaginaires de nos contemporains, stimulés par les normes néocapitalistes d’individualisation, travaillent notamment des désirs d’ailleurs et de tout autrement, qui nourrissent de façon critique des insatisfactions par rapport à la conception marchande de l’individualité. Ils seraient ainsi potentiellement politisables par un anticapitalisme qui réactiverait une figure renouvelée de la critique individualiste du capitalisme convergeant avec sa critique sociale. La galaxie altermondialiste constitue un des lieux possibles de cette politisation. L’inertie des catégories marquées par l’hégémonie historique de la critique sociale, et la dévalorisation corrélative de la critique individualiste, sur nombre de mouvements sociaux pourrait entraver cette politisation.

http://www.france.attac.org/spip.php?article8994

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21 juillet 2009 2 21 /07 /juillet /2009 20:57
Histoire des rapports hommes-femmes et devoir d'aujourd'hui.

 

Pour qui veut bien se souvenir de la dette séculaire des hommes à l'égard des femmes en terme de viols et de violences diverses, je crois que chaque homme, sans se sentir culpabilisé par les comportements du passé, doit en tenir compte. Et notamment, les hommes doivent se donner des obligations à l'égard des femmes avec qui ils ont eu des relations amoureuses ou simplement sexuelles.

Ces devoirs valent surtout pour les relations les plus transgressives, les plus sommaires, celles répondant au simple besoin charnel de partager de la jouissance sans lendemain . Même pour ces relations assez frustres qui peuvent néanmoins survenir - les relations amoureuses durables n'étant pas nécessairement celles de toute une vie - le respect humain est du à ces femmes. C'est ma position .

On ne saurait donc dire du mal d'elles. On ne saurait ne pas les saluer, ne pas leur parler. Il ne s'agit pas nécessairement de rester ami avec chacune mais à partir du moment ou la simple occasion ou l'apprivoisement (en cas d'amour) font que la rencontre est fatale alors un échange minimal est requis.

Il est entendu que ce respect est réciproque.

Parfois par pitié ou par devoir aussi plus que par amitié.

 

Léo Jog

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